Le château de Santenay au printemps |
Mon village en Bourgogne, d’une poignée d’habitants, où le feu rouge le
plus proche se situe à 20 minutes de chez moi, est la définition
de la France profonde. On se plaît bien ici, et on a été très bien
reçus depuis notre arrivée il y a deux ans.
Néanmoins, on constate des grosses différences entre la vie ici et la nôtre aux States. L’exemple du jour se trouve dans la manière de gérer un
business. Je suis souvent dans le vignoble bourguignon pour découvrir le
terroir, les grands crus, et les vignerons qui passent leurs journées en
taillant, traitant, et travaillant leurs vignes. C’est plutôt magnifique comme
expérience, et ça serait dommage de passer à coté, n’est-ce pas ?
L’autre jour, j’étais chez un vigneron pour déguster ses vins. Parmi les
nectars que notre petit groupe a dégustés figurait un joli grand cru d’une
vingtaine d’années. Un membre du groupe s’intéressait aux prix, donc je suis parti trouver la
fiche des tarifs auprès du vigneron. Là-dessus, j’ai trouvé plusieurs vins et
les prix, mais pas celui que l’on avait tellement apprécié. Très gentiment,
j’ai posé la question, « Et le grand cru que l’on vient de
boire ? »
La réponse était rapide et définitive : « On ne le met pas dessus
parce qu’on fait tout pour supprimer la demande. »
OK, pensais-je, le stock est bientôt épuisé. Je comprends.
Mais mon esprit américain n’a pas tenu le coup.
Le ‘ricain en moi se disait, « Attends, il y a du vin à vendre. Il y a
des clients pour en acheter. Ils ont du fric dans leurs poches. Ils sont prêts.
Mais le vigneron cache le vin, le
rendre difficile voire impossible à acheter. Alors là… ! Faut y
croire ! »
J’ai regardé la fiche et j’ai remarqué que certains vins étaient limités.
C’est-à-dire que, parmi les appellations offertes à la vente, il y en avait
certaines que l’on n’avait pas le droit de prendre plus de deux ou trois
bouteilles. J’ai vu le même sentiment chez les autres vignerons, que ce soit en Bourgogne ou ailleurs. Parfois, c’est écrit qu’un tel vin n’est pas disponible pour l’expédition à l’étranger. Ou qu’il faudrait revenir « après-demain » pour que le vigneron ait
le temps de mettre les étiquettes sur les bouteilles, faire la facture, etc. Ou encore que le
vin que l’on vient de déguster n’est malheureusement pas disponible maintenant parce que la personne qui a
la clef de la cave est actuellement absente. Et qui ne s'est pas retrouvé devant un panneau disant « Caveau Ouvert » mais avec la porte fermée et la lumière éteinte? C'est plutôt charmant, mais pour le client pressé ou ayant envie de se procurer une bouteille pour le repas le soir même (souvent le cas pour les gens de chez moi), ça peut être compliqué.
Et la différence entre nos deux cultures ? Merci pour votre patience ;
enfin j’y arrive. Disons que le système américain est basé sur le
suivant : dès qu’il y a quelqu'un dans la rue qui a des sous dans sa
porte-monnaie et qui risque d’avoir envie d’en dépenser, le magasin est toujours ouvert et les produits sont toujours prêts à être vendus. Toujours. Fermer entre midi et deux pour déjeuner ?
Impensable. Cacher ou limiter le nombre de bouteilles que l’on peut
acheter ? Bienvenue la faillite. Dire « non » ou « impossible »
à un client ? « Bail à céder » dans moins de deux semaines.
La semaine dernière j’écoutais France Bleue Bourgogne (fidèle auditeur, et invité ponctuel), et la question du jour tournait autour de la loi
Macron, qui, en Bourgogne, d’après ce que j’ai compris, allait donner droit aux
magasins d’être ouverts quatre dimanches par an. L’animateur faisait appel aux
auditeurs pour qu'ils donnent leur point de vue. Encore une fois, l’Oncle Sam en moi
avait des idées : « Beh, c’est tout simple. Pourquoi pas 52 dimanches
par an ? C’est comme ça que ça fonctionne chez nous, et on n’en est pas
morts ! »
Imaginez donc ma surprise quand le premier à passer à l’antenne a dit,
plus ou moins, « Les gens n’ont qu’à aller faire leurs courses le
samedi ! Le dimanche, c’est une journée de repos, pour être en famille,
aller à la chasse, ou, tout simplement, pour se détendre. Ça va mal finir,
c’est histoire d’être ouvert le dimanche. » Autrement dit, le consommateur souhaite que les magasins soient fermés le dimanche. Chez nous, c'est tout à fait inimaginable de penser ainsi.
Pourtant, je n’étais guère surpris d'entendre ce point de vue. Je vis ici maintenant, au rythme
français, et je peux dire qu’un de mes plus grands plaisirs
est de me mettre à table le dimanche midi avec ma famille et nos amis, nous
tous entourés de la bonne cuisine française et des vins qui se marient
parfaitement avec, sachant que 60 millions de français font exactement la même chose que nous, au même temps.
C’est une habitude et une solidarité qui n’existent pas chez nous, et ça nous fait énormément du bien.
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Prochainement…l’Organisation Mondiale de Santé a dit QUOI ? C’est une
blague, non ?
À jeudi, and thanks for reading.
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